Astrocriminologie

Belle Gunness

 
Belle Gunness (1859 – 1908 ?) demeure l’une des figures les plus énigmatiques et sulfureuses du crime américain. Née en Norvège dans une famille modeste, elle traversa l’Atlantique à vingt-cinq ans pour s’installer aux États-Unis, où le rêve d’ascension sociale se réalisa par des moyens aussi méthodiques que criminels. Derrière l’apparence d’une veuve respectable, elle aurait orchestré, avec une patience glaciale, l’une des plus effroyables séries meurtrières de son temps.
Le décès de son premier mari, survenu dans des conditions suspectes, fut le prélude à une succession de disparitions qui jalonnèrent sa trajectoire. Plusieurs de ses enfants moururent également, laissant couler vers elle les indemnités des assurances-vie qu’elle avait méthodiquement souscrites. Chaque décès s’inscrivait dans une continuité macabre, tel un collier de perles noires dont elle seule tenait le fil.

Fixée dans une ferme de l’Indiana, elle affina son modus operandi : une annonce matrimoniale, rédigée avec le ton enjôleur d’une promesse de prospérité partagée, attirait des prétendants solitaires qu’elle convainquait d’apporter toutes leurs économies. De ce cortège d’hommes, aucun ne reparut. Le voisinage, habitué aux allées et venues, n’y vit qu’un théâtre banal d’espoirs déçus. La respectabilité de la veuve étouffait les soupçons.

En 1908, un incendie ravagea la ferme. Dans les décombres, on retrouva ses trois enfants et un corps de femme décapité, déclaré comme étant le sien grâce à une prothèse dentaire. Mais l’ombre du doute ne s’effaça jamais. Des dizaines de cadavres exhumés du sol de sa propriété racontaient une autre histoire : celle d’une prédatrice qui avait bâti son empire sur la chair des hommes. Avait-elle péri dans les flammes ou s’était-elle offert une ultime métamorphose en feignant sa propre mort ?

Ses motivations apparentes étaient l’argent, l’avidité effrénée de posséder, le désir de régner sur un grand domaine entouré de travailleurs dévoués — le « rêve américain » accompli dans une sorte d’esprit de revanche pour celle qui venait d’une famille norvégienne pauvre. Mais derrière cette évidence se cachaient sans doute des mobiles plus profonds. On ne devient pas la première tueuse en série reconnue des États-Unis pour le seul goût du lucre ; autrement, elle se serait contentée de piéger des hommes et d’user exclusivement du poison, pratique alors courante chez les criminelles féminines, facilitée par la discrétion du procédé.

Selon une étude du département de psychologie de l’Université de Radford, Belle aurait subi, vers l’âge de dix-sept ans, un bouleversement profond de personnalité, déclenché par un épisode déterminant pour sa future carrière criminelle. Les germes de la haine furent alors semés, nourrissant l’éclosion d’un mépris glacé pour l’homme et provoquant une fracture dans son rapport au féminin maternel.

L’homme en question, un riche paysan dont elle tomba probablement amoureuse et auquel elle s’abandonna pour la première fois après un bal de campagne, la mit enceinte. Mais il la battit si férocement qu’elle perdit l’enfant. Un mois plus tard, il fut retrouvé mort. Ce premier homicide inaugura une longue série de châtiments, annonçant l’inexorable escalade meurtrière de Belle Gunness.
 
 
 
Charte natale de Belle Gunness       
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Malgré l’heure de naissance inconnue de Belle Gunness, la position des planètes et les angles qu’elles forment suffisent à révéler avec éloquence les patterns énergétiques ayant présidé à son destin criminel. Ils éclairent ce qui a pu orienter son positionnement cosmique face à des forces probablement supérieures à sa conscience. Devant une telle répartition planétaire, il faut soit être un « Saint », soit bénéficier d’un environnement privilégié — salubre, attentif et protecteur — pour canaliser certaines forces vers des expressions positives, ou du moins contenir leurs manifestations les plus destructrices. Cela constitue déjà un défi considérable lorsqu’on considère le thème dans son ensemble, modulé, bien sûr, par la position de l’Ascendant et des planètes dans les maisons, que nous ignorons ici, sans que cela n’invalide les principaux ressorts révélés par les figures planétaires de son jour de naissance.
 
Dans toute étude de thème, et particulièrement dans celui des tueurs en série, il est essentiel de considérer le faisceau de convergence des points critiques. Avant d’analyser ceux de Belle Gunness, relevons-les :

→    Soleil en Scorpion en opposition à Pluton
→    Vénus à 29° du Scorpion
→    Carré en T dont la base est l’opposition Lune/Vénus dans l’axe Taureau/Scorpion, avec Saturne en apex dans le Lion proche du Nœud Sud (orbe possible jusqu’à dix degrés)
→    Yod avec pour base du sextile Mars/Mercure, apex Pluton en Taureau
→    Lune conjoint Uranus (en dissocié)
→    Mercure en opposition exacte à Uranus

Pour comprendre l’organisation psychique d’un individu, il est impératif de considérer en premier lieu les dessins planétaires, qui indiquent comment les fonctions planétaires s’associent pour former des « blocs » psychologiques. Ces alliances conditionnent des prises de position indiscutables, renforcées par le temps et l’expérience, qui attirent des situations conformes à la fréquence vibratoire des planètes en jeu. Les biais, œillères et filtres subjectifs créent une perception spécifique, que les événements reflètent à leur tour. Les traumatismes ou grandes épreuves peuvent modifier un pattern sensible s’ils surviennent tôt, et être adoptés par la conscience dans un registre compulsif et peu éclairé. Ainsi, malgré la structure du thème, il est impossible de prédire avec certitude la traduction exacte des énergies planétaires, mais une vision holistique permet d’en discerner les indices. Ceux présentés par le thème de Belle Gunness sont particulièrement remarquables.

Le premier dessin planétaire à retenir est le carré en T avec Saturne en apex dans le Lion. Cette configuration est essentielle et constitue un pacte entre trois fonctions psychiques indissociables. Rappelons brièvement le sens général du carré en T qui représente des tensions concentrées, générant un dynamisme puissant mais souvent difficile à maîtriser : 
Le carré en T est une figure de tension où une planète (apex) est en aspect de carré avec deux autres planètes en opposition. Il crée un point focal d’énergie intense, générant des pressions psychiques et des dynamiques compulsives.
 
  ♦ Base de l’opposition : révèle les tensions fondamentales, les besoins contradictoires ou les conflits intérieurs.
  ♦ Apex : représente la planète qui absorbe et centralise la pression, devenant le moteur de l’action et de la résolution (ou de l’échec).
  ♦ Fonction psychologique : le carré en T force l’individu à agir, à trouver des solutions concrètes ou à manifester les traits de l’apex de manière compulsive, souvent inconsciente.
  ♦ Dynamique de l’ombre et éventualité karmique : il peut pointer des patterns répétitifs, des épreuves ou des tensions héritées, qui exigent un travail intérieur soutenu pour éviter des comportements destructeurs ou autodestructeurs.

En résumé, le carré en T structure la psyché autour d’une tension centrale, mobilise les forces planétaires et impose à l’individu une nécessité d’action, qui peut se traduire positivement (discipline, créativité, leadership) ou négativement (obsession, rigidité, destructivité), ou un mélange des deux, selon le niveau de conscience et la maturité psychologique. Dans un carré en T, la pression de l’apex pousse l’individu à s’incarner dans la planète centrale comme dans une identité obsessionnelle : en s’appropriant pleinement son archétype, il cherche à dominer, contrôler et posséder les forces conflictuelles de la base, comme si sa survie psychique en dépendait.
 
Saturne en apex d’un carré en T est particulièrement exigeant. Peu d’individus échappent aux compulsions inhérentes à sa nature rigide et contrôlante. Cette position entraîne un engagement féroce dans une volonté de pouvoir, fondée sur une insécurité intérieure et un désir inconscient de revanche, parfois sur le non-moi, sous des formes subtiles. Les limitations imposées par Saturne sont néanmoins associées à des capacités de maîtrise exceptionnelles : auto-discipline, maturité et ambition inaltérables dans un secteur donné. La vie confère à ces individus une responsabilité particulière : créer et maintenir une super-structure que leurs contemporains peuvent juger oppressante, mais qui correspond à un ordre nécessaire dans l’économie universelle.

Dans le contexte des tueurs en série, Saturne révèle la froideur implacable et la mentalité calculatrice qui peuvent conduire aux cruautés les plus extrêmes. Il agit comme de l’eau transformée en glace, cristallisant les émotions et les préjudices, et préparant en silence des rétributions futures. Les aspects difficiles de Saturne — carrés, conjonctions, oppositions — favorisent les actes destructeurs, par déni de l’autre ou préservation rigide de l’intégrité personnelle, au détriment des forces planétaires secondaires.

Belle Gunness possédait sans doute un Saturne compulsif, avide de contrôle. Il exerçait sa pression sur les deux planètes yin du système solaire, Lune et Vénus, dans un vis-à-vis délicat : Vénus, maître de la Lune, se trouve en Scorpion face au Soleil, accentuant la tension psychique et le potentiel destructeur de cette configuration.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce carré en T de Belle Gunness, dirigé par Saturne en apex dans le Lion proche du Nœud Sud, avec pour base Lune en Taureau et Vénus en Scorpion au degré critique 29, constitue finalement un schéma de tension psychique extrême. La proximité du Nœud Sud indique un bagage karmique lourd (que cela tienne de son enfance et de l’atmosphère familiale dont nous ignorons presque tout, ou du poids de certains positionnements critiques et récurrents de l’âme au cours de vies successives), une orientation de l’âme vers des épreuves de contrôle et de domination (Saturne est en Lion !), tandis que l’apex saturnien impose une discipline intérieure implacable et une rigidité compulsive.


La Lune exaltée en Taureau traduit une pulsion profonde de sécurité, de préservation et de stabilité, incarnée par le désir de créer et protéger : enfants, foyer, propriétés terriennes. Mais cette fonction est perpétuellement contrecarrée par Vénus en Scorpion qui la représente, au degré critique 29, exprimant l’avidité, des valeurs directrices de possession et une insécurité existentielle aiguë. Dans cette opposition, la fonction vénusienne prend le pas sur la Lune : la protection et la préservation cèdent devant la nécessité de conquérir, de posséder et, paradoxalement, de détruire.


Cette configuration expose une contradiction tragique : Belle Gunness bâtit, enfante, adopte et sécurise, mais l’ombre vénusienne scorpionne, irrésistible et compulsive, la pousse à anéantir ce qu’elle a créé — hommes, enfants, et ferme — dans un acte de destruction méthodique. Le trauma fondateur de ses dix-sept ans semble avoir cristallisé cette dynamique : la haine et le mépris pour l’homme, conjugués à l’impérieuse nécessité saturnienne de contrôle, dictent un pattern répétitif et irréversible, inscrit dans sa psyché.


Ainsi, le carré en T apparaît comme un moteur psychique inéluctable : la base de l’opposition expose l’individu à un conflit constant entre sécurité et possession, tandis que l’apex saturnien transforme cette tension en plan d’action méthodique et rigide, parfois tragiquement criminel. La figure ne laisse guère de place à la résilience : l’ombre et la répétition compulsive sont au cœur du destin de Belle Gunness, révélant un équilibre psychologique brisé, dominé par la rigidité, la froideur et la fatalité d’un schéma karmique implacable.

 

 

 

Aparté et aiguillon de recherche¹  :  L’astéroïde Iris²  et la part de Mariage³  accompagnent Saturne apex en Lion

 


Le carré en T de Belle Gunness trouvant son point focal en Saturne, placé en Lion, est étroitement accompagné d’Iris, du Nœud Sud et de la Part de Mariage, en tenant compte de l’absence de l’heure de naissance et en prenant un orbe sur 24heures, la part soli-lunaire reste de vigueur. 
Cette configuration condense une mémoire particulièrement lourde, qu’elle soit « karmique » ou simplement connectée à un passé transgénérationnel suivant un schéma de répétition : le Nœud Sud, marqueur d’empreintes psychiques anciennes, suggère ici la réactivation de traumatismes fondateurs, potentiellement liés à l’adolescence et à l’événement violent de ses dix-sept ans trouvant un échos résonnant dans une lignée familiale et/ou des existences passées, où humiliation, perte et pulsion de revanche se sont scellées dans la psyché. Saturne en apex, figure de l’autorité punitive, agit comme verrou intérieur : il fige la blessure en un schéma compulsif de contrôle et de domination. Iris, messagère céleste, se voit détournée de sa fonction harmonisante pour devenir l’ombre d’un mandat de sévérité — porteuse d’un verdict implacable qui ne sait plus transmettre qu’une sentence. Quant à la Part de Mariage — point arabo-astrologique rarement étudié mais lié aux alliances contractuelles et aux unions comme miroir du destin — sa présence au sein de ce foyer planétaire en Lion souligne combien la dimension relationnelle fut investie de manière tragique : l’autre n’est pas partenaire mais instrument sacrificiel, soumis à l’exigence dévorante d’un pouvoir sans partage. Dans ce contexte, le Lion n’exprime pas sa noblesse créatrice mais sa face la plus dévoyée : volonté de régner, d’imposer une loi subjective et intransigeante, d’ériger son drame intime en théâtre de pouvoir. 

 

 

—————————————————————

 

¹ Ceci constitue une piste de réflexion et de recherche, à investir avec précaution. Nous relevons avec intérêt sans nous prononcer sur la pertinence de ces points particuliers qui constituent à eux seuls un large champ de l’investigation astrologique

²Iris, messagère d’Héra (Junon), incarne l’autorité du pacte conjugal et la garantie des serments. Associée à l’eau du Styx, elle veille à la loyauté des unions, sanctionnant toute trahison. Archétypiquement, elle figure la tension entre fidélité et rupture du lien, entre parole donnée et serment brisé — dimension qui, en contexte criminologique, peut se traduire par l’instrumentalisation du mariage et de la promesse d’union à des fins de domination ou de destruction.

³La Part de Mariage (ou Part de Conjugium) est un point fictif issu de l’astrologie arabo-hellénistique, calculé traditionnellement à partir du Soleil, de la Lune et de l’Ascendant ou de Vénus, et utilisé pour explorer le domaine des unions et alliances. Dans les traités médiévaux, notamment ceux d’Abu Ma’shar et d’al-Kindi, elle servait à indiquer les expériences conjugales majeures et les responsabilités liées au couple. Dans de nombreux logiciels modernes, et notamment lorsque l’heure de naissance est inconnue, elle peut être calculée comme le mi-point Soleil/Lune, ce qui conserve l’essentiel de sa signification psychologique et karmique. Dans une lecture contemporaine et karmique (Steven Forrest, The Inner Sky ; Jeffrey Wolf Green, Astrology for the Soul ; Demetra George, Asteroid Goddesses), la Part de Mariage révèle les schémas inconscients, répétitifs ou karmiques qui structurent les relations, incluant les patterns de loyauté, de trahison, de pouvoir ou de manipulation dans le lien conjugal. Dans le cas de Belle Gunness, en relation avec le carré en T saturnien en apex Lion, elle souligne la tendance à instrumentaliser les alliances, à répéter des comportements destructeurs dans le cadre du couple et à projeter sur l’autre des besoins de contrôle et de domination hérités de traumatismes précoces.

 

Le sadisme de Belle Gunness 
Lorsqu’on parle de Belle Gunness, le mobile principal semble avoir été financier : hériter de ses maris, soutirer de l’argent à ses prétendants, ou encaisser des assurances vie. Mais certains chercheurs et historiens du crime ont avancé que des composantes sadiques pouvaient être présentes dans son parcours. On peut aisément mettre ces éléments en perspective avec la Vénus au degré anarétique du Scorpion dont nous avons parlé plus haut, au Soleil Scorpion opposé à Pluton Taureau, au Carré en T que nous avons décrit mais également à la présence d’un Yod que nous étudions plus loin. Ces combinaisons ajoutées sont porteuses d’une accumulation rare de faisceaux d’indices convergents qui dans l’immense majorité des cas ne sera jamais anodins, à moins de pouvoir s’abstraire de l’inconscient collectif et d’une matrice universelle encore chaotique. 
Voici les points soulevés :

1. La surenchère meurtrière

Elle aurait pu obtenir ce qu’elle voulait (argent, assurance) avec quelques meurtres ciblés. Pourtant, elle répète le processus de manière obsessionnelle, multipliant les annonces matrimoniales et accumulant les victimes bien au-delà du « nécessaire » pour survivre ou s’enrichir. Cela suggère un plaisir de domination ou une jouissance dans le processus, au-delà du gain financier.

2. La mise en scène et l’inhumation des corps

Les cadavres retrouvés sur sa propriété étaient souvent démembrés, enterrés en morceaux, parfois traités comme des objets. Ce soin macabre donné à la dissimulation peut traduire un besoin de contrôle, voire une forme de ritualisation morbide.
 
3. La froideur et l’absence d’empathie

Des témoins de l’époque décrivaient Belle comme une femme massive, austère, intimidante, sans affect apparent. Son absence totale de remords face à la disparition de ses proches (y compris ses propres enfants adoptifs ou biologiques, morts dans des conditions suspectes) laisse penser à une perversion affective, typique de certains profils sadiques.


4. Les enfants victimes


Plusieurs de ses propres enfants (ou enfants adoptifs) sont morts mystérieusement, souvent par empoisonnement. Or, le meurtre d’un enfant n’a aucun bénéfice financier direct comparable aux maris ou aux prétendants. Cela oriente vers une composante plus sombre : le rejet viscéral, le désir d’effacer ou de détruire plutôt qu’un calcul rationnel.

 
👉 En résumé :
•    Le moteur visible = argent, sécurité matérielle, indépendance.
•    Mais certains indices périphériques (répétition compulsive, cruauté froide, présence d’enfants parmi les victimes, démembrements) laissent soupçonner qu’un élément sadique ou destructeur coexistait avec le mobile financier.

 
 
 
Le Yod de Belle Gunness : fracture intérieure et compulsion psychique   
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le Yod, ou « doigt de Dieu », est une figure astrologique réputée difficile : il pointe toujours vers un noyau de tension inconsciente. L’énergie du sextile, harmonieuse en apparence, se trouve happée et contrainte par l’apex, comme si une mission secrète — ou un fardeau invisible — devait absolument être portée. Psychologiquement, cela agit comme une fissure souterraine, une faille qui pousse à chercher une résolution impossible, générant souvent anxiété, sentiment d’inadéquation et conduites obsessionnelles.
Chez Belle Gunness, le sextile Mars–Mercure aurait pu nourrir une intelligence vive, pratique et incisive. Mais au lieu d’une expression fluide, cette dynamique s’est cristallisée en Pluton apex en Taureau. On retrouve ici le schéma classique des Yod : une tension refoulée, vécue comme une contrainte névrotique.

Pluton en apex, surtout dans le signe de la possession matérielle et des instincts corporels, agit comme un trou noir psychique. Il capte et dévie l’énergie mentale (Mercure) et pulsionnelle (Mars) vers des conduites de contrôle, de domination, d’obsession. Ce qui aurait pu devenir une quête intérieure de transmutation s’est figé en compulsion de possession et de destruction. Dans le langage psychologique, on pourrait évoquer un mécanisme de névrose obsessionnelle, où la tension intérieure se décharge par des actes de maîtrise absolue — jusqu’à l’anéantissement de l’autre.

Ce Yod ne signale donc pas seulement une tension abstraite : il décrit un pattern de vie intérieure marqué par le sentiment que « quelque chose manque », que « rien ne suffit ». Le sujet se sent condamné à agir pour apaiser cette faille, mais chaque action la rouvre plus encore. Dans le cas de Gunness, cette dynamique se serait exprimée par une répétition compulsive : séduire, tromper, posséder, puis détruire.
 En profondeur, ce Yod peut être lu comme un schéma karmique ou une empreinte psychique d’inachèvement. Seule une confrontation consciente avec l’ombre, par un travail intérieur d’intégration, permet de transmuter un tel schéma, ou une activité de proximité avec des énergies plutoniennes de terrain, certains métiers le permettent, mais à l’époque de Belle Gunness, c’était plutôt difficile... Alors resté dans l’inconscient, le Yod s’est incarné en un cycle morbide, comme une spirale obsessionnelle sans issue, donnant au destin criminel de Gunness sa signature si implacable.Vénus anarète maitre de Pluton apex : la faille affective
La présence de Vénus à 29° du Scorpion est plutôt saisissante. Le dernier degré d’un signe agit comme une crise de synthèse, une tension ultime avant le passage. Vénus, planète du lien, de l’attachement et de la valeur, se trouve ici en territoire plutonien, cernée par les forces de perte, de possession et de domination. On peut y voir un nœud affectif tragique : aimer ne va pas sans détruire, désirer ne va pas sans posséder, séduire ne va pas sans trahir.
Or Vénus gouverne le Taureau, signe où se situe l’apex plutonien du Yod. Autrement dit, l’énergie obsessionnelle de Pluton (apex) reste sous la coupe d’une Vénus blessée, située elle-même à un point de crise (29°). C’est comme si la racine de l’obsession destructrice se situait dans un traumatisme affectif profond, un manque viscéral, une impossibilité d’aimer autrement que par l’annihilation.
________________________________________

Soleil en Scorpion opposé Pluton en échos à l’opposition Lune/Vénus

Au pattern plutonien que nous venons d’exposer, s’ajoute l’opposition Soleil en Scorpion – Pluton en Taureau. C’est une signature de dualité interne, vécue sur le mode conflictuel :

 →   Le Soleil en Scorpion exprime une identité déjà marquée par la profondeur, l’intensité et la confrontation à l’ombre.
 →   Pluton en Taureau, en face, agit comme une force d’inertie, de fixation dans la matière, une volonté de contrôle absolu.
L’opposition Soleil/Pluton est classiquement associée à des vécus passionnels intenses, où le moi est aspiré par des forces inconscientes. Dans sa vie, cela s’est traduit par une impossibilité à maintenir une relation durable sans qu’elle se solde par la mort de l’autre. L’homme, chez Belle, ne pouvait être qu’un adversaire, une proie ou une menace. Ce schéma est en écho direct avec le traumatisme de jeunesse rapporté : le paysan qui l’aurait engrossée puis battue, la privant de son enfant. Dans ce prisme, Pluton en Taureau a figé l’expérience de la perte dans une logique de vengeance permanente.

Une logique de possession absolue

Pluton en Taureau (gouverné par Vénus anarète en Scorpion), opposé au Soleil scorpionien, exprime un besoin intransigeant de fixer et posséder : l’autre devient un bien à contrôler, puis à éliminer s’il échappe au pouvoir. Psychologiquement, cela évoque une structure où l’ego (Soleil) ne peut se consolider qu’en exerçant une domination mortifère (Pluton). Chez Belle, cela se matérialise par son accumulation de terres, d’argent et d’« hommes-ressources » qu’elle transformait en capital avant de les supprimer.
Dans une perspective psychanalytique, l’opposition Soleil/Pluton peut nourrir une identité scindée : un moi conscient qui croit agir rationnellement, et un inconscient qui agit comme une force de destruction inéluctable. Chez Belle, cela a pris la forme d’un double visage : la veuve respectable et maternelle d’un côté, la tueuse méthodique et glaciale de l’autre. 
Pris ensemble, les deux oppositions créent un pattern plutonien d’aliénation :

•    Le Soleil (l’ego, l’identité consciente) et la Lune (la sphère intime et maternelle) cherchent des repères stables (Scorpion/Taureau).
•    Mais Pluton et Vénus forcent à l’intensité, au contrôle, à la passion destructrice.
Le sujet vit alors une polarisation : d’un côté, un moi qui veut survivre coûte que coûte par la puissance et le contrôle (Pluton Taureau, Vénus Scorpion), de l’autre, des besoins primaires et affectifs qui aspirent à la simplicité (Soleil Scorpion, Lune Taureau), mais qui sont systématiquement compromis.

Cliniquement, cela évoque :

•    Une guerre intérieure permanente, nourrissant l’obsession et la compulsion.
•    Un risque de clivage affectif : incapacité à aimer sans détruire ou posséder.
•    Une dynamique paranoïde : percevoir l’autre comme une menace à éliminer ou un objet à instrumentaliser.
•    Une énergie vitale (Soleil) qui se lie à la destructivité inconsciente (Pluton), renforçant l’idée d’un moi en perpétuelle confrontation avec la mort et la perte.

C’est une configuration de dissociation, mais aussi d’identité fracturée, où l’ego devient le champ de bataille des pulsions inconscientes. On pourrait presque parler, dans une grille psychanalytique, d’un moi vampirisé par le ça — ou, dans une lecture clinique moderne, d’une personnalité marquée par une base de trouble borderline à composante perverse. Nous émettons un bémol cependant, et c’est ici que la prise en compte de l’intégralité des patterns du thème demeure incontournable pour ne pas commettre d’erreurs de diagnostics, en soulignant la présence centrale du carré en T dominé par Saturne en Lion (au Nœud sud). On a là une sorte de surmoi centralisateur qui court-circuite tout débordement intempestif du ça, « ravalé » en quelque sorte dans un alambic hypercontrôlé, mais d’autant plus dangereux, c’est la bête intérieure du ça domptée par une puissance mentale diabolique qui en fait un sbire glacial et infaillible.
 
En reliant ces trois points :

•    Vénus (anarethé, en Scorpion) gouverne Pluton apex en Taureau.
•    Pluton, lui, s’oppose au Soleil scorpionique.
•    Soleil et Vénus sont ainsi pris dans un triangle d’ombre dominé par Pluton.
Ce schéma ferme une boucle, où l’affect (Vénus), l’identité (Soleil) et la pulsion de destruction (Pluton) se nourrissent mutuellement. D’un point de vue psychologique, cela évoque un schéma névrotique d’obsession relationnelle : la personnalité se définit à travers une polarité de séduction et de destruction, incapable de s’extraire de la compulsion.

On pourrait résumer ainsi :

•    Le Yod pousse Gunness vers une focalisation plutonienne compulsive.
•    Vénus anarethe, en lien avec Pluton, ajoute une faille affective : le désir est vécu comme un piège, l’amour comme une menace.
•    Le Soleil opposé Pluton empêche toute intégration consciente : le moi est divisé, vampirisé par l’ombre.
C’est comme si tout son thème criait « contrôler ou mourir », et que la voie évolutive du Yod (transmutation, sublimation) n’avait pas trouvé issue, laissant place à une expression criminelle.
  
Lune conjointe Uranus : la faille maternelle et l’émotion éclatée
La Lune représente la matrice originelle, le lien à la mère, le sentiment d’appartenance et la sécurité de base. En conjonction avec Uranus — même dissociée — elle se trouve soumise à une force d’instabilité radicale. Psychologiquement, cela correspond souvent à :

•    Une insécurité émotionnelle chronique, comme si le sol affectif se dérobait en permanence ;
•    Un rapport à la mère perçu comme imprévisible, fragmenté, voire violent ;
•    Une propension à vivre ses émotions de manière soudaine, explosive, détachée de l’empathie.

Dans un thème criminologique, cette configuration est redoutable : elle signale une incapacité à intégrer la tendresse maternelle. L’affect est coupé par des décharges électriques. L’émotion ne nourrit plus, elle désorganise. On peut y voir le germe de ce que les cliniciens décriraient comme une difficulté à construire l’attachement, et donc une fragilité dans l’accès à l’empathie.
________________________________________
 
Mercure opposé Uranus (orbe 0°) : la pensée dissociée
Mercure, maître de la pensée, du langage et de l’articulation rationnelle, se heurte à Uranus par une opposition exacte. C’est un clash cognitif permanent :

•    La pensée devient déroutante, fulgurante, imprévisible ;
•    Elle tend à fonctionner en dehors des schémas logiques classiques ;
•    L’esprit se sent perpétuellement en lutte avec lui-même, tiraillé entre raison et éclairs anarchiques.

Dans une perspective psychologique, ce genre d’opposition peut nourrir un sentiment de dissociation intellectuelle, voire une coloration paranoïde : les idées surgissent, incontrôlées, dans une sorte de court-circuit permanent. Reliée au reste du thème, cette configuration alimente l’aspect stratégique et manipulateur de Gunness, mais aussi sa froideur calculatrice doublée de brusques éclats imprévisibles.
________________________________________

Mise en perspective avec les autres points 

En reliant ces éléments à ce que nous avons déjà développé :

•    Lune–Uranus : fracture affective, incapacité à se relier à la tendresse, instabilité émotionnelle.
•    Mercure–Uranus : fracture cognitive, dissociation mentale, imprévisibilité du raisonnement.
•    Vénus anarète / Pluton apex / Soleil–Pluton : fracture pulsionnelle, obsession relationnelle, compulsion de possession/destruction.

Nous avons ainsi un faisceau convergent de failles psychiques : affective, cognitive, pulsionnelle. Chaque polarité se retrouve minée par une tension excessive, sans médiation possible.
________________________________________
 
Synthèse psychologique 

On pourrait résumer ainsi :

•    La Lune (maternage, sécurité) est déstabilisée par Uranus.
•    Mercure (pensée, articulation) est fragmenté par Uranus.
•    Vénus et le Soleil (amour et identité) sont vampirisés par Pluton.

Le thème montre donc une personnalité où aucun pilier psychique n’offre de refuge. L’ego (Soleil), l’affect (Vénus, Lune) et le mental (Mercure) se trouvent chacun en état de tension permanente. Cela donne une impression de « système fermé », tournant à vide, condamné à recycler ses propres pulsions dans des schémas répétitifs et destructeurs.
    La matrice norvégienne : aliénation domestique et horizon fermé 

Belle naît en Norvège rurale, fin XIXe siècle, dans une société encore fortement patriarcale et agricole.

•    Le destin féminin y est quasi exclusif : mariage, enfants, soumission. Les femmes n’avaient ni autonomie économique, ni véritable droit de disposer d’elles-mêmes.
•    Dans ce cadre, le Saturne en Lion conjoint au Nœud Sud symbolise la rigidité du rôle imposé : être femme, c’est être fixée à un rôle, à une filiation, à un ordre social hiérarchique.
•    L’amas en Verseau au Nœud Nord, avec Junon, Vesta, Chiron et Lilith, apparaît comme un contrepoids karmique : la quête d’une voie nouvelle, d’un espace de liberté hors des carcans traditionnels.
 Le passage au « rêve américain » : libération et violence
À la fin du XIXe siècle, des milliers de femmes scandinaves émigrent vers les États-Unis, attirées par la promesse d’un avenir autonome : terres, opportunités économiques, affranchissement des structures patriarcales de l’Ancien Monde.

•    Gunness incarne cette migration, mais avec un détournement radical : là où certaines y trouvent indépendance et prospérité par le travail, elle transforme ce rêve en une logique prédatrice.
•    Pluton apex du Yod traduit la transmutation impossible : au lieu d’élaborer une émancipation constructive, la fracture psychique convertit la quête d’indépendance en compulsion destructrice.
•    Uranus et le cortège de points au Nœud nord Verseau apporte l’idée de rupture et d’affranchissement, mais mal intégré, il se déploie en froideur clinique, en usage des hommes comme ressources à exploiter puis à éliminer. Tous les moyens étant bons pour s’arroger liberté et indépendance.

Le crime comme pseudo-libération féminine

Le contexte social éclaire ici la dimension symbolique :

•    Chaque meurtre peut se lire comme une négation du rôle conjugal imposé. L’homme, censé être le centre du foyer et l’autorité, devient la victime — l’objet sacrifié sur l’autel de son indépendance.
•    Lilith en Verseau accentue la révolte contre le féminin aliéné, mais au lieu d’accoucher d’un féminisme créatif, elle se cristallise en féminité noire, où la femme n’existe qu’en détruisant le modèle conjugal traditionnel.
•    L’opposition Saturne en Lion du Nœud sud et le cortège en Verseau du Nœud nord traduit ce conflit : entre l’ancien ordre patriarcal et la promesse d’une société nouvelle. Mais Gunness n’intègre pas la tension, elle la résout par le meurtre, forme extrême et perverse de libération.
 D’un point de vue sociologique, Belle Gunness incarne la face sombre d’une émancipation arrachée dans un monde où les femmes restaient prisonnières du mariage et de la dépendance domestique. Astrologiquement, le faisceau Pluton–Uranus–Verseau met en lumière cette tension : promesse de mutation intérieure, mais dévoyée en compulsion destructrice. En définitive, Belle Gunness s’érige en parodie macabre du rêve américain : liberté, richesse et autonomie, non conquises par l’intégration sociale, mais arrachées dans la négation radicale de l’autre. © 2025 Déborah Torres. Texte protégé par le droit d’auteur.   
 
 
 
Â